2015, une caissière du Simply Market de Saint Germain en
Laye est licenciée pour une erreur de virgule coûtant 60 eur à la filiale du
Groupe Auchan (63 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2014).
2012 : Lidl licencie une employée, coupable d’avoir
volé une chocolatine (et pas un pain au chocolat ne m'emmerdez pas!) d’une valeur de 39 centimes d'euros au groupe allemand à un
peu plus de 63 milliards d’euros de CA en 2014.
2011, une caissière est licenciée par le groupe Cora pour
avoir récupéré 2 tickets de caisse abandonnés par leur propriétaire et les
avoir utilisé pour gagner 5 % sur son menu Best Of. (Cora en 2013 : 4,88 milliards de CA, Mc Donald’s un peu plus de 27 milliards)
Finalement, quoi de mieux qu’une compilation des plus beaux
faits divers de ces dernières années pour la réalisation d’une belle chronique
sociale ? Et surtout, qui de mieux que Vincent Lindon, le plus anonyme des
acteurs français, Monsieur Tout le monde pour en être le principal protagoniste ?
Stéphane Brizé l’a bien compris en entourant l’acteur d’une
palette d’anonymes plus sincères les uns que les autres. Le réalisateur nous
ballade ainsi entre les clans de syndicalistes dont l’implication morale
dépasse parfois tout entendement, les banquiers prêts à vous refourguer le
moindre produit financier sous prétexte de vouloir vous aider, ou encore la
difficulté de vivre avec un handicap quand on est pas né sous une bonne
étoile. (Akhenaton si tu me regardes, tac tac !)
La loi du marché raconte la vie de Thierry,
anonyme parmi les anonymes (puisqu’il n’a même pas de nom sur sa fiche Allocine),
un homme lambda originaire de Picardie, tout juste licencié et baladé de stages
en voies de garages par son pôle emploi local. Contraint de rembourser plusieurs
crédits à charge et dos au mur, notre Thierry national va finalement accepter
un job d’agent de sécurité dans le Mammouth du coin. Son immersion dans le
monde de l’agroalimentaire ne va finalement pas le changer du monde qu’il a pu
connaître jusque-là, un mélange de tristesse, de colère et de résignation.
Vincent Lindon, l’acteur, sort tout de même grandi de ce drame social
puisque son rôle lui vaut le prix d’interprétation masculine au
dernier festival de Cannes. (Assez
étrange d’ailleurs de voir ce genre de film reconnu par un évènement qui
détonne totalement avec ce que veut nous montrer son réalisateur, un peu à l’image
du très sincère deux jours une nuit
avec Marion Cotillard)
On pourra juste lui reprocher sa technique de tournage sur
certaines scènes, caméra au poing, qui ferait presque passer ce film pour un projet
Blairwitch à la française. (Rien à voir sur le plan esthétique même si l’horreur est pourtant bel et bien au rendez-vous d'un autre point de vue) Ajoutez à cela les travellings des caméras de sécurité dans le
supermarché et priez pour ne pas avoir englouti votre dîner en 2/2 juste avant
la séance.
De toutes façons, le prochain déjeuner aura du mal à
passer, je vous le garantis!
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