samedi 5 octobre 2013

De battre mon coeur s'est arrêté


Savoir jouer du piano n’est pas donné à tout le monde. Il faut déjà disposer du matériel, celui-là même qui a failli vous coûter la vie lors d’un déménagement au rabais, et je sais de quoi je parle… Cela demande aussi un travail quotidien en plus d’une sérénité absolue, deux qualités que je peine encore à maîtriser à l’image de mon homologue Thomas Seyr, auquel  je ne prétends bien évidemment pas me comparer. 

Thomas est sanguin, je le suis aussi mais pas au même degré. Mes amis ne m’ont par exemple jamais vu tabasser des réfugiés sans domicile fixe ou balancer des rats dans des immeubles squattés par des assos pour faire des quartiers pauvres de Paname un Monopoly à taille réelle. On achète une vieille bâtisse pour une bouchée de pain, on la revend le triple une fois le « ménage » opéré. Une technique vieille comme le monde dont Thomas a d’ailleurs hérité de son père, la violence urbaine en plus.
Et puis, il y a l’autre facette de Thomas, le musicien raté, bien décidé à se remettre au piano qu’il avait abandonné depuis le décès de sa mère, une discipline dans laquelle il excellait selon les dires de son ancien professeur qui va même jusqu’à lui proposer une audition. Le challenge est de taille pour le Stephane Plaza des sous quartiers de Paris, mais l’occasion de renouer avec son passé, et plus particulièrement avec sa mère est une opportunité qu’il ne peut pas refuser. C’est donc malgré les réticences et les moqueries de son entourage que Thomas va se replonger dans la musique bien secondé par Miao Lin, une pianiste chinoise de talent n’alignant pourtant pas deux mots de français et donnant ses quelques cours au black dans un vieux T2 du fin fond de Paris.

De battre mon cœur s’est arrêté est le film qui m’a fait découvrir l’univers de Jacques Audiard comme bon nombre de cinéphiles de l’hexagone. Un cinéma poignant, loin des clichés du quotidien et criant de vérité. Un cinéma coup de poing, qui vous balance un uppercut là où ça fait mal et quand on ne s’y attend pas ! Rien que le titre du film vous coupe le souffle. Un morceau de poésie qui cache en fait un personnage déchiré par la vie, aussi attachant que détestable mais que je vous conseille de toujours garder comme allié.

La performance de Romain Duris est juste incroyable ! Son talent n’est bien entendu plus à prouver depuis longtemps  mais Jacques Audiard semble l’avoir révélé comme personne avant lui.  Un personnage entier, lunatique et qui partage sans le vouloir avec son spectateur ses angoisses les plus profondes.
Mes amis le savent, le cinéma français m’a souvent déçu mais quand je vois des films comme celui-ci, je me dis qu’il y a encore du bon chez nous et que l’exception culturelle française ne s’arrête pas aux chtits ou aux performances en noir et blanc d’un ancien comédien projeté sur le devant de la scène au bon moment, bien aidé par un plan marketing aux petits oignons. Les œuvres suivantes du réalisateur en sont d’ailleurs la parfaite illustration et je ne saurai vous conseiller de vous pencher sur sa filmographie si ça n’était pas déjà fait. Reste juste à savoir si vous aurez les épaules pour le supporter…


Extrait musical

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ravie de te lire à nouveau. Surtout avec ce film là...

L'accro au dvd a dit…

Merci L.