Difficile d'incarner un looser à l'écran quand tout semble vous sourire à chacune de vos sorties. Pas grave! Un peu de boue, quelques fringues bon marché, un tacot en guise de voiture, une mine à déterrer les morts et Dustin Hoffman incarnerait l'aigreur et l'attentisme comme personne.
Dans héros malgré lui, il interprète Bernie Laplante, un tocard de Chicago comme il en existe peu. Impliqué dans d'innombrables magouilles, ce jeune père divorcé vadrouille entre bars malfamés et tribunaux en quête d'un énième bon plan qui assurera sa survie pendant les prochains jours. Il ne redevient finalement lui même qu'en présence de son fils auquel il essaie d'inculquer en vain, un minimum de civisme...le pari n'est évidemment pas gagné d'avance! Et puis vient cette nuit pluvieuse pendant laquelle Bernie devient sans le vouloir le témoin d'un crash aérien. C'est pourtant à reculons qu'il va se décider à sauver ces passagers juste parce qu'un petit garçon se retrouve orphelin d'une nuit. Fruit du hasard, il va également sauver Gail, une présentatrice en vogue qui va faire de lui le héros du moment. Manque de chance, Bernie n'a pas été reconnu. Pire encore, un étrange personnage lui vole carrément la vedette prétendant être ce fameux héros d'une nuit...comme quoi quand la scoumoune vous tient!
Aussi bizarre que cela semble, ce film est à mettre à l'actif de Stephen Frears pour une fois loin de ses terres et de ses histoires de cottage et autre misérabilisme du fin fond de l'Angleterre. Il arrive pourtant à glisser dans son blockbuster deux, trois pics bien placés sur les dérives de l'audiovisuel et l’héroïsme de bas étage. Le héros d'une nuit devient sous le feu des projecteurs, l'homme du moment, celui qu'on écouterait sans broncher, pour lequel on voterai les yeux fermés, une sorte de lofteur avant même que n'apparaissent les télé-réalités.
Dans ce film, Dustin Hoffman partage l'affiche avec Geena Davis ( Thelma et Louise) et Andy Garcia ( Le Parrain 3) qu'on voit finalement peu au cinéma bien qu'on reconnaisse son visage au premier coup d’œil. Pour la p'tite anecdote, on notera également au casting la présence de Daniel Baldwin, encore un, le troisième d'une fratrie d'acteurs au charisme plus ou moins discutable selon les époques et les prénoms!
Loin d'être le meilleur film de Stephen Frears, héros malgré lui vous fera tout de même passer un bon moment ne serait-ce que pour cette énième performance de Dustin Hoffman à qui on aurait du coller l'étiquette du looser parfait depuis bien longtemps déjà. A y regarder de plus près, il n'y a bien que la série des Mon beau père et moi qui pourraient entacher sa filmographie de manière indélébile. J'espère sincèrement que les plus jeunes qui ne le connaissent que par l’intermédiaire de Bernie Furniqué (Focker en version originale) ne s'arrêteront pas à cette pauvre prestation. Il mérite mieux! Donnez lui sa chance!
Teaser original
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