vendredi 26 octobre 2012

Les sentiers de la Gloire


On connait généralement Stanley Kubrick pour ses grosses productions avec la Warner qui l'ont fait connaître du grand public. Je pense à 2001, Orange mécanique ou encore Barry Lyndon. On en oublierait presque que le britannique a roulé sa bosse pendant quelques temps enchaînant les films à budget restreint et courtisant la moitié des maisons de production pour grappiller quelques dollars supplémentaires qui lui permettraient de devenir son propre patron. Le cinéaste a un style qui lui est propre mais cela ne suffit pas pour les investisseurs qui veulent une star pour faire tourner leur machine. Les aléas du métier permettront alors à Kubrick de rencontrer Kirk Douglas (père de) avec qui la relation deviendra profitable à chacun.
Les sentiers de la gloire nous plongent dans les tranchées françaises de la première guerre mondiale. Sous la pression du Général Broulard, le Commandant Mireau ordonne la prise par les troupes françaises d'une base allemande stratégique et inaccessible. C'est donc dans son propre intérêt qu'il envoie son commando au casse pipe, faisant fit des mises en gardes sincères du Lieutenant Dax. Ce qui devait arriver arrive et l'armée française est terrassée sous l’assaut des fusils allemands en nombre. Le quelque peu de survivants bat en retraite au grand désarroi du Commandant Mireau qui ordonne immédiatement un conseil de guerre pour juger ces lâches qui font honte à la France et qui le décrédibilisent du même coup. La Cour rend son verdict et condamne alors trois soldats pour l'exemple malgré le dépit du Lieutenant Dax qui n'est pas encore prêt à baisser les armes...

Premier constat relativement amer. Kubrick emploie des britanniques qui parlent donc la langue de Shakespeare pour interpréter des soldats français. Le film aurait certainement gagné  à être transposé sur un conflit similaire mais en dehors des frontières de l'hexagone. La patte Stanley Kubrick est déjà là. Les travellings sur les champs de batailles mais surtout ces mouvements de caméras qui donnent vie aux tranchées ne pouvaient être l’œuvre que d'un grand réalisateur en devenir. Le fond de l'histoire n'est pas en reste puisque le film s'attaque à l'Armée et à ses valeurs comme si Kubrick avait décidé de frapper fort dès le début pour attraper le K.O.. Résultat des courses: sorti en 1957, le film est immédiatement interdit en France et sur d'autres territoires proches où l'Armée française a encore la main mise. Il faudra attendre 1975 pour que le film apparaisse finalement sur les toiles françaises. Elle est belle l'exception culturelle...

Sur le terrain peu ou pas d'acteurs connus. Kirk Douglas mange le budget à lui seul laissant quelques miettes à certains guest que l'on retrouvera dans la filmographie de Kubrick et là je pense notamment au barman névrosé de Shining. Les scènes d'action sont assez limitées pour l'époque les obus ressemblant plus à une pluie de chocapics géants qu'un véritable champ de bataille. Kubrick s'efforce tout de même de faire avec ce qu'il a, se contentant de manger son pain blanc en attendant des jours meilleurs. Il n'en vend pas pour autant son âme au diable, lui qui n'aura de cesse de critiquer les dirigeants de notre belle mappemonde.


Extrait

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