mercredi 31 octobre 2012

La piel que habito (vost)




Mais que se passe t-il dans la tête de Pedro Almodovar? Si John Malkovitch s'était fait analysé à l'écran il y a quelques années dans le film du même nom, c'est bien le réalisateur espagnol qui aurait du prendre sa place sur le divan pour y raconter son enfance et le lot de troubles qui vont avec! Torturé autant que dénué du moindre tabou, Almodovar ne cesse de nous surprendre à chacun de ses films comme pour mettre sur la table des choses qu'on aurait jamais imaginé exister dans notre petit confort du quotidien. Il n'est pas le premier, c'est évident,  mais il est passé maître pour retourner les situations conflictuelles dans une sorte d'antichambre de la folie qui reste crédible aussi effrayante soit elle!

Tolède, Espagne les années 2000. Robert Ledgard, ancien chirurgien esthétique reconnu par ses pairs s'affère à recréer des tissus humains dans le laboratoire situé au sous-sol de sa somptueuse villa. En parallèle, il garde en semi-captitivité une jeune femme sur laquelle il expérimente secrètement ses travaux jugés dérangeants par les pontes de la génétique actuelle. Inutile de me tirer les vers du nez, vous ne saurez pas qui est cette femme et pourquoi le Docteur en chirurgie en a fait sa marionette! C'est bien là que réside toute l'intrigue du film que Pedro Almodovar amène lentement par des flashbacks soigneusement mis en scène et une bande son qui habille aussi bien le film qu' Elena Anaya sa combinaison si moulante qu'elle ne laisse que peu de place à l'imagination!

Loin d'être grand public, la piel que habito est pourtant fascinant lorsque le film bascule dans l'inpensable. On ose pas y croire, on ne veut pas y croire, on devient mal à l'aise d'une situation qu'on ne controle déjà plus. Quand je pense que ma grand mère m'envoyait faire le Loto quand Brook et Rick s'embrassaient langoureusement pendant Amour, Gloire et Beauté de peur de me choquer! Elle est certainement loin de s'imaginer que j'aurai vu de telles choses bien des années plus tard! Et c'est tant mieux!
Sur le reste, il m'est difficile de m'avancer sans dévoiler l'intrigue du film. J'espère juste que j'aurai alpagué certains curieux, fascinés devant l'interdit aussi belle soit l'enveloppe. Pour être honnête avec vous, je ne suis pas prêt de regarder à nouveau ce film. Je suis juste content de l'avoir vu! Je saurai simplement le ressortir dans quelques années une fois que je l'aurai digéré!


Extrait musical

vendredi 26 octobre 2012

Les sentiers de la Gloire


On connait généralement Stanley Kubrick pour ses grosses productions avec la Warner qui l'ont fait connaître du grand public. Je pense à 2001, Orange mécanique ou encore Barry Lyndon. On en oublierait presque que le britannique a roulé sa bosse pendant quelques temps enchaînant les films à budget restreint et courtisant la moitié des maisons de production pour grappiller quelques dollars supplémentaires qui lui permettraient de devenir son propre patron. Le cinéaste a un style qui lui est propre mais cela ne suffit pas pour les investisseurs qui veulent une star pour faire tourner leur machine. Les aléas du métier permettront alors à Kubrick de rencontrer Kirk Douglas (père de) avec qui la relation deviendra profitable à chacun.
Les sentiers de la gloire nous plongent dans les tranchées françaises de la première guerre mondiale. Sous la pression du Général Broulard, le Commandant Mireau ordonne la prise par les troupes françaises d'une base allemande stratégique et inaccessible. C'est donc dans son propre intérêt qu'il envoie son commando au casse pipe, faisant fit des mises en gardes sincères du Lieutenant Dax. Ce qui devait arriver arrive et l'armée française est terrassée sous l’assaut des fusils allemands en nombre. Le quelque peu de survivants bat en retraite au grand désarroi du Commandant Mireau qui ordonne immédiatement un conseil de guerre pour juger ces lâches qui font honte à la France et qui le décrédibilisent du même coup. La Cour rend son verdict et condamne alors trois soldats pour l'exemple malgré le dépit du Lieutenant Dax qui n'est pas encore prêt à baisser les armes...

Premier constat relativement amer. Kubrick emploie des britanniques qui parlent donc la langue de Shakespeare pour interpréter des soldats français. Le film aurait certainement gagné  à être transposé sur un conflit similaire mais en dehors des frontières de l'hexagone. La patte Stanley Kubrick est déjà là. Les travellings sur les champs de batailles mais surtout ces mouvements de caméras qui donnent vie aux tranchées ne pouvaient être l’œuvre que d'un grand réalisateur en devenir. Le fond de l'histoire n'est pas en reste puisque le film s'attaque à l'Armée et à ses valeurs comme si Kubrick avait décidé de frapper fort dès le début pour attraper le K.O.. Résultat des courses: sorti en 1957, le film est immédiatement interdit en France et sur d'autres territoires proches où l'Armée française a encore la main mise. Il faudra attendre 1975 pour que le film apparaisse finalement sur les toiles françaises. Elle est belle l'exception culturelle...

Sur le terrain peu ou pas d'acteurs connus. Kirk Douglas mange le budget à lui seul laissant quelques miettes à certains guest que l'on retrouvera dans la filmographie de Kubrick et là je pense notamment au barman névrosé de Shining. Les scènes d'action sont assez limitées pour l'époque les obus ressemblant plus à une pluie de chocapics géants qu'un véritable champ de bataille. Kubrick s'efforce tout de même de faire avec ce qu'il a, se contentant de manger son pain blanc en attendant des jours meilleurs. Il n'en vend pas pour autant son âme au diable, lui qui n'aura de cesse de critiquer les dirigeants de notre belle mappemonde.


Extrait

samedi 20 octobre 2012

Héros malgré lui


Difficile d'incarner un looser à l'écran quand tout semble vous sourire à chacune de vos sorties. Pas grave! Un peu de boue, quelques fringues bon marché, un tacot en guise de voiture, une mine à déterrer les morts et Dustin Hoffman incarnerait l'aigreur et l'attentisme comme personne.
Dans héros malgré lui, il interprète Bernie Laplante, un tocard de Chicago comme il en existe peu. Impliqué dans d'innombrables magouilles, ce jeune père divorcé vadrouille entre bars malfamés et tribunaux en quête d'un énième bon plan qui assurera sa survie pendant les prochains jours. Il ne redevient finalement  lui même qu'en présence de son fils auquel il essaie d'inculquer en vain, un minimum de civisme...le pari n'est évidemment pas gagné d'avance! Et puis vient cette nuit pluvieuse pendant laquelle Bernie devient sans le vouloir le témoin d'un crash aérien. C'est pourtant à reculons qu'il va se décider à sauver ces passagers juste parce qu'un petit garçon se retrouve orphelin d'une nuit. Fruit du hasard, il va également sauver Gail, une présentatrice en vogue qui va faire de lui le héros du moment. Manque de chance, Bernie n'a pas été reconnu. Pire encore, un étrange personnage lui vole carrément la vedette prétendant être ce fameux héros d'une nuit...comme quoi quand la scoumoune vous tient!

Aussi bizarre que cela semble, ce film est à mettre à l'actif de Stephen Frears pour une fois loin de ses terres et de ses histoires de cottage et autre misérabilisme du fin fond de l'Angleterre. Il arrive pourtant à glisser dans son blockbuster deux, trois pics bien placés sur les dérives de l'audiovisuel et l’héroïsme de bas étage. Le héros d'une nuit devient sous le feu des projecteurs, l'homme du moment, celui qu'on écouterait sans broncher, pour lequel on voterai les yeux fermés, une sorte de lofteur avant même que n'apparaissent les télé-réalités.
Dans ce film, Dustin Hoffman partage l'affiche avec Geena Davis ( Thelma et Louise) et Andy Garcia ( Le Parrain 3) qu'on voit finalement peu au cinéma bien qu'on reconnaisse son visage au premier coup d’œil. Pour la p'tite anecdote, on notera également au casting la présence de Daniel Baldwin, encore un, le troisième d'une fratrie d'acteurs au charisme plus ou moins discutable selon les époques et les prénoms!

Loin d'être le meilleur film de Stephen Frears, héros malgré lui vous fera tout de même passer un bon moment ne serait-ce que pour cette énième performance de Dustin Hoffman à qui on aurait du coller l'étiquette du looser parfait depuis bien longtemps déjà. A y regarder de plus près, il n'y a bien que la série des Mon beau père et moi qui pourraient entacher sa filmographie de manière indélébile. J'espère sincèrement que les plus jeunes qui ne le connaissent que par l’intermédiaire de Bernie Furniqué (Focker en version originale) ne s'arrêteront pas à cette pauvre prestation. Il mérite mieux! Donnez lui sa chance!


Teaser original



mercredi 17 octobre 2012

Le fugitif (Blu-ray)

Voici l'un de mes films de chevets, un blockbuster qui m'a piégé dans ses filets un soir d'été 94. J'étais encore tout jeunot mais je me souviens très bien de cette incroyable chasse à l'homme entre le Docteur Richard Kimble et le Marshal Gerard. Comment ne pas se ranger du côté d'un fugitif lorsqu'il est incarné par Harrison Ford himself! Rapidement accusé du meurtre de sa femme, le pauvre Doc est condamné à la peine capitale par injection. Heureusement pour lui, un banal accident de la route va lui permettre de prendre la fuite pour partir à la recherche du véritable meurtrier. Dommage que le Marshal Gerard n'en ait, selon ses propres mots, rien à cirer lui qui se contenterait amplement de coffrer son fugitif. Commence alors une chasse à l'homme urbaine dans laquelle Kimble part à la recherche d'un manchot qu'il tient pour responsable de tous ses malheurs. Accrochez vous!

Adaptation d'une série télévisée à grand succès, le Fugitif affolera les compteurs du Box office et permettra à Harrison Ford de s'offrir une véritable cure de jouvence auprès du grand public. Bien qu'il ait tous les défauts d'un film des années 90 (bande son appuyée, générique en grandes lettres sur musique grave, acteurs à la mode d’antan...) le Fugitif ne prend pas une ride. On lui pardonnera même ses quelques cascades douteuses à commencer par ce mannequin en plastique de chez prisunic qui chute d'un barrage, pourtant sensé représenter le Docteur Kimble en plein désarroi...
Pour le poursuivre, le méchant marshal aka Tommy Lee Jones qui va profiter de la surexposition du film pour se faire une place à Hollywood et enlever au passage l'oscar du meilleur second rôle. Quand on regarde sa filmographie de plus prés, on s'aperçoit qu'il enchaînera avec le Client de Joel Schumacher, encore un film marquant pour un gamin de mon âge. Détestable et pourtant comique sous certains aspects, qui mieux que lui aurait pu rendre la pareille au Dr Kimble qui semble avoir été un fugitif toute sa vie!

Si la première heure du film est palpitante, la seconde partie liée à l'enquête est quand même plus poussive. Aussi préparez votre plus beau calepin pour prendre les notes et trouver qui a assassiné Miss Kimble avec la prothèse de coude dans la chambre conjugal. Le réalisateur Andrew Davis pourtant habitué des films mono cérébraux (Piège en haute mer, Sale temps pour un flic) semble prendre un malin plaisir à justifier péniblement l'assassinat de Mme Kimble. J'ai pourtant envie de vous dire qu'on s'en fout un peu finalement puisque que l'enquête n'altère en rien ce jeu du chat et de la souris entre Kimble et Gerald. C'est bien le plus important finalement!
Tant que j'y suis, oubliez le format Blu-ray qui n'apporte pas grand chose si ce n'est rien à l'esthétisme du film. Contentez vous du dvd en attendant une véritable restauration pour les geeks comme moi!


Extrait musical

mardi 9 octobre 2012

Fantastic Mr Fox (vost) Blu-ray


Nous avons tous des rêves d'enfants mais seuls quelques uns parviennent à les assouvir. C'est certainement le cas de Wes Anderson qui a fait de sa filmographie une cure de jouvence devant les années qui filent. Le jeune réalisateur à l'origine de la Famille Tenenbaum et du Darjeeling Limited va creuser encore un peu plus loin dans ses souvenirs pour adapter à l'écran l'histoire du Fantastique Maître Renard, un conte pour enfants des années 70 écrit par Roald Dahl. Le pauvre homme ne sera malheureusement plus de ce monde pour apprécier le travail de Wes Anderson qui a littéralement donné vie à ce curieux personnage que l'on ne connaît généralement qu'à moitié écrasé au bord des voies rapides... Je partagerai bien quelques souvenirs de ce bon vieux Renard qui rythmait mes aprés-midis sur France 3 mais l'expérience n'en serait que plus douloureuse! Mais restons en au film! Anderson nous livre un film d'animation en volume, le terme barbare pour indiquer qu'il s'agit d'un travail de maquettistes en prises de vues interminables qui mises bout à bout donnent un semblant d'animation déstructurée. Vous l'aurez compris, le résultat final n'est pas simplement du au jeune texan mais à toute une équipe en charge de plus 4000 accessoires, 500 marionnettes et 150 décors, le tout photographié à  621450 reprises, de quoi déstabiliser les plus impatients!

L'histoire est celle Foxy Fox, un jeune renard devenu journaliste après s'être égaré dans le vol qualifié de poules et autres volatiles en compagnie de sa femme Felicity. Aujourd'hui bien rangé, il décide de fonder une famille malgré quelques sursauts d’instinct animal qu'il tente de combattre en vain. Ce détail va malheureusement prendre une toute autre tournure lorsque Foxy décide d'aménager à quelques mètres des plus gros producteurs locaux de poulets, canards, et cidre de la région. Un bras de fer s'engage alors entre producteurs et renards chacuns dans leur propre intérêt...

Comme toujours Anderson a mis l'accent sur son casting. George Clooney et Meryl Streep intègrent ainsi le cercle très fermé des fidèles du réalisateurs comme Bill Murray, Jason Schwartzman ou Owen Wilson qui ne manquent aucune des nouvelles aventures du jeune réalisateur même si ça n'est que pour donner leur voix à quelques renards animés. La musique est elle aussi importante. Quelques standards rock bien disséminés ça et là alternent avec une bande originale composée par Alexandre Desplat (cocorico). Le français a d'ailleurs été justement récompensé pour son travail sur le discours d'un roi par un Grammy Award, sorte d'anti-chambre des oscars.
J'ai été longtemps réticent à visionner ce film d'animation, un genre que je n'apprécie pas forcément. Wes Anderson a fait le reste en personnalisant un conte pour enfants dans un univers qu'il gère à merveille depuis qu'il est passé derrière une caméra. Les travellings et autres chapitrages qui faisaient son originalité sont également présents dans ce film où chacun trouve son compte: les enfants comprennent l'histoire à leur niveau, ébahis devant une animation entre rêve et réalité. Les adultes s'approprient le scénario d'Anderson à un autre niveau mais sont tous aussi surpris de replonger en enfance pendant la cavale infernale de Maître Renard et ses compères. L'effet est garanti, l'animation juste incroyable dans un univers de détails où rien n'a été laissé au hasard. A partager en famille!


Extrait musical




mercredi 3 octobre 2012

The blues brothers (vost) Blu-ray


Le saviez vous? Les blues brothers sont nés d'une blague pour une émission télé qui fait légion depuis des lustres aux Etats-Unis, le Saturday Night Live. Dan Aykroyd et John Belusci, alors chauffeurs de salle pour la quotidienne la plus connue du pays, décident de créer ce duo de frangins, sapés en noir de la tête aux pieds pour électriser la foule avant chaque reprise d'antenne. Le combo remplit sa mission au point de prendre petit à petit une toute autre importance dans le Saturday night live. De cette simple improvisation comique naîtront 3 albums studios, plusieurs prestations live et 2 films dont l'éponyme blues brothers qui nous intéresse ici!

Le film raconte le périple de deux frères Jake et Elwood, bien décidés à récolter les 5000 dollars nécessaires à la survie de l'orphelinat qui les a vu grandir et faire les 400 coups. Pour cette mission, ils n'ont qu'une alternative: recréer le groupe de blues qu'ils avaient constitué 3 ans auparavant, avant que Jake ne finisse au fin fond d'une prison du comté de l'Illinois. La tâche ne sera pas des plus faciles d'autant que chacun des membres a repris le cours de sa vie dans diverses activités qui n'ont plus grand chose à voir avec la musique... peu importe, Jake et Elwood se sentent investis d'une mission divine qui va bien plus loin que renflouer les dettes d'un vieil orphelinat catho, mais ça c'est une autre histoire.

En plus de réaliser une comédie musicale à succès, le combo qui a relancé la production mondiale de Wayfarrer s'accorde à nous faire redécouvrir le blues, un style de musique qui ravira les névrosés des productions nées dans les années 70/80. Se définissant comme un mélange de blues urbain avec quelques notes empruntées du côté de Memphis Tenessee, les Blues brothers s'imposent sur tous les terrains sur lesquels ils s'essaient. (Pour les plus jeunes, une sorte de Mickael Youn avec de l'imagination et du talent)
Ensuite comment ne pas parler du casting du film qui infligerait d'innombrables nausées aux grands patrons à la tête de n'importe quel studio hollywoodien. Aretha Franklin, James Brown, Ray Charles, John Lee Hooker, Carrie Fisher, Steven Spielberg himself et bien d'autres dont ma connaissance limitée du blues m'empêche de citer de peur de me faire rattraper par des professionnels du genre!

Quoi qu'il en soit, le film est drôle. Vous ne passerez pas une minute sans rire ou battre la rythmique des passages musicaux qui font désormais légende dans le monde de la musique! Comment rester impassible face aux moyens déployés pour mettre en scène les origines d'un des combos les plus connus sur le plan marketing! Cascades monstrueuses pour un film d'époque qui feront vite oublier la légèreté d'un scénario qui tiendrait sur un page n'en déplaise à Dan Aykroyd. Malheureusement le succès d'un groupe entraîne souvent sa déchéance à laquelle les Blues brothers n'échapperont pas. Le 05 mars 1982, John Belusci meurt d'une overdose de speedball mettant un terme au mythe des blues brothers pour un temps. Dès lors, Dan Aykroyd écumera les comédies américaines jusqu'aux années 2000 où il rechaussera finalement ses Ray Ban dans une suite qui fera pourtant pâle figure comparé au volet original de 1980. Je vous l'avais déjà dis! Il n'y a pas que du mauvais dans les années 80!


Extrait musical