dimanche 13 octobre 2013

Prisoners


Il m'aura finalement fallu attendre un peu plus de deux mois pour prendre ma seconde claque en tant qu'abonné UGC. La première, je l'ai reçu il y a quelques semaines avec Alabama Monroe, un drame belge incroyable sur lequel je reviendrai lors de sa sortie en dvd, un laps de temps nécessaire pour digérer le long métrage de Felix Van Groeningen. J'ai tendu l'autre joue hier soir devant Prisoners, un thriller américain, un genre qui ne fait pourtant pas l'unanimité parmi ma collection de Billy sur lesquelles se succèdent mes différents coups de cœur ciné. Le public était pourtant au rendez-vous: une salle comble et tout ce qui va avec, j'entends par là mangeage de pop-corn aussi bruyant qu'il se doit  et commentaires malvenus d'une cinéphile qui s'est cru l'espace de quelques heures dans son salon personnel, quelques centaines de spectateurs en plus. Tout ça me fait dire aussi que le cinéma est loin d'être en crise et qu'on ferait mieux de recentrer le débat sur le téléchargement sur d'autres arguments que sur celui de la fréquentation des salles qui n'est juste pas crédible. J'ai notamment cette pensée émue pour les spectateurs qui payent 9.80 euro leur place pour se retrouver séparés dans la salle, l'un tout devant à droite, l'autre tout devant à gauch, un grand moment de cinéma pour ce couple qui n'est certainement pas prêt de remettre les pieds à l'UGC...
Mais revenons au film. Prisoners raconte le combat de deux pères de famille dont les fillettes ont été enlevées lors d'un brunch dominical. Les deux paternels vont alors immédiatement se retourner vers le possesseur d'un vieux camping car, qui traînait justement dans les parages quelques minutes avant le drame. Problème: le propriétaire du véhicule est un jeune trentenaire, Alex Jones qui semble avoir le QI d'un enfant de 8 ans en plus d'avoir hérité du physique d'Alain Deloin. Bluff ou trouble mental? Quoi qu'il en soit et faute de preuves, la police devra le relâcher dans les 48 heures qui suivent son arrestation, ce qui n'est pas du tout du goût des deux pères de famille bien décidés à faire cracher le morceau au jeune Alex...

Son réalisateur Denis Villeneuve profite des deux heures qui lui sont offertes pour étaler une situation à la fois complexe et oppressante. N'ayez crainte, ceux qui estiment le prix du billet trop onéreux pourront repartir avec leur dose de paranoïa et d'adrénaline dans un doggy bag qu'ils ne sont pas prêt de laisser sur le seuil de la porte d'entrée du cinéma. Restez sur vos gardes quand vous rentrerez chez vous, ayez l’œil hagard, on ne sait jamais à quoi s'attendre avec ces vieux camping cars...
Je pense que je dois également mon engouement pour ce film à un casting redoutable et là je pense immédiatement à Paul Dano (Little miss sunshine, There will be blood) dans le rôle du désaxé Alex Jones, dont la prestation est pile poil dans ses cordes, une gueule d'ange qui cache un monstre inattendu et à peine croyable. S'ajoutent à cela les belles performances de Hugh Jackman (l'un des deux pères de famille) et Jake Gyllenhaal, l'inspecteur en charge cette enquête contemporaine malgré un style capillaire qui frise étonnement les sixties.

Vous l'aurez compris, je classe Prisoners parmi les valeurs sûres de cette rentrée 2013, le seul film de plus de deux heures qui ne m'aura pas vu m'assoupir sur mon fauteuil bien moelleux d'abonné. Je pense même qu'il pourrait me donner des pistes d'achats dans la catégorie thrillers d'Amazon et la Fnac...et allez!!!!! Encore de nouvelles pistes à explorer dans l'univers inépuisable et impitoyable du cinéma...adieu!


Bande annonce

samedi 5 octobre 2013

De battre mon coeur s'est arrêté


Savoir jouer du piano n’est pas donné à tout le monde. Il faut déjà disposer du matériel, celui-là même qui a failli vous coûter la vie lors d’un déménagement au rabais, et je sais de quoi je parle… Cela demande aussi un travail quotidien en plus d’une sérénité absolue, deux qualités que je peine encore à maîtriser à l’image de mon homologue Thomas Seyr, auquel  je ne prétends bien évidemment pas me comparer. 

Thomas est sanguin, je le suis aussi mais pas au même degré. Mes amis ne m’ont par exemple jamais vu tabasser des réfugiés sans domicile fixe ou balancer des rats dans des immeubles squattés par des assos pour faire des quartiers pauvres de Paname un Monopoly à taille réelle. On achète une vieille bâtisse pour une bouchée de pain, on la revend le triple une fois le « ménage » opéré. Une technique vieille comme le monde dont Thomas a d’ailleurs hérité de son père, la violence urbaine en plus.
Et puis, il y a l’autre facette de Thomas, le musicien raté, bien décidé à se remettre au piano qu’il avait abandonné depuis le décès de sa mère, une discipline dans laquelle il excellait selon les dires de son ancien professeur qui va même jusqu’à lui proposer une audition. Le challenge est de taille pour le Stephane Plaza des sous quartiers de Paris, mais l’occasion de renouer avec son passé, et plus particulièrement avec sa mère est une opportunité qu’il ne peut pas refuser. C’est donc malgré les réticences et les moqueries de son entourage que Thomas va se replonger dans la musique bien secondé par Miao Lin, une pianiste chinoise de talent n’alignant pourtant pas deux mots de français et donnant ses quelques cours au black dans un vieux T2 du fin fond de Paris.

De battre mon cœur s’est arrêté est le film qui m’a fait découvrir l’univers de Jacques Audiard comme bon nombre de cinéphiles de l’hexagone. Un cinéma poignant, loin des clichés du quotidien et criant de vérité. Un cinéma coup de poing, qui vous balance un uppercut là où ça fait mal et quand on ne s’y attend pas ! Rien que le titre du film vous coupe le souffle. Un morceau de poésie qui cache en fait un personnage déchiré par la vie, aussi attachant que détestable mais que je vous conseille de toujours garder comme allié.

La performance de Romain Duris est juste incroyable ! Son talent n’est bien entendu plus à prouver depuis longtemps  mais Jacques Audiard semble l’avoir révélé comme personne avant lui.  Un personnage entier, lunatique et qui partage sans le vouloir avec son spectateur ses angoisses les plus profondes.
Mes amis le savent, le cinéma français m’a souvent déçu mais quand je vois des films comme celui-ci, je me dis qu’il y a encore du bon chez nous et que l’exception culturelle française ne s’arrête pas aux chtits ou aux performances en noir et blanc d’un ancien comédien projeté sur le devant de la scène au bon moment, bien aidé par un plan marketing aux petits oignons. Les œuvres suivantes du réalisateur en sont d’ailleurs la parfaite illustration et je ne saurai vous conseiller de vous pencher sur sa filmographie si ça n’était pas déjà fait. Reste juste à savoir si vous aurez les épaules pour le supporter…


Extrait musical