Mon histoire avec Stanley Kubrick a commencé sur le tard, en licence pour être précis. Une de mes matières portait sur la création me laissant un choix d'exposé assez clair : soit je m'enfilais un bouquin de 500 pages et plus sur la création, soit le film d'un réalisateur dont j'avais vaguement entendu parlé. Inutile de vous dire que le choix a été vite réglé. J'ignorais alors le guepier dans lequel je m'étais fourré en découvrant les 20 premières minutes de 2001 l'Odyssée de l'espace.
Mais revenons à Orange mécanique, peut être le plus gros succès de Kubrick, celui qui aura fait le plus parlé de lui en tous cas en bien ou en mal d'ailleurs. Je me revois la première fois que j'ai vu ce film hilare devant notre professeur d'anglais totalement choquée par les images d'un film dont elle n'avait que vaguement entendu parlé.
Il faut dire que les 30 premières minutes du film ne rejouiront pas les âmes sensibles. Sexe, agression, viol, ultraviolence, perdition, le tout sur une bande son classique orchestrée par Ludwig Van Beethoven. Il serait par contre dommage de s'arrêter sur cette première demi heure pour en tirer toute conclusion négative.
L'histoire pour ceux qui ne la connaitraient pas. Alex, leader d'une bande de voyous dans un Londres futuriste et totalement submergé par la violence, agrémente sa vie par la violence physique ou sexuelle à la vue et au nez de parents qui ne contrôlent plus rien. Il mène "bon" train jusqu'au jour ou la police l'arrête et le conduit immédiatement à la case prison. Une fois à l'interieur il y apprend l'existence d'un tout nouveau traitement qui soigne les prisonniers pour les rendre docils, un peu à l'image des études de Pavlov. Une fois dehors, Alex redécouvre un monde dont il ne régit plus les règles...
Je comprends tout à fait qu'on ne puisse pas aimer ce film malgré son côté avangardiste. Le monde en perdition dépeint par Kubrick n'est finalement pas si loin que ça de certaines sociétés actuelles, mais bon ça c'est un autre débat...
Malcolm McDowell alias Alex réalise une prestation parfaite sous ses airs de parfaite tête à claques. Il signe un rôle plutôt "Skywalkerien" qui lui fermera pas mal de portes tant le film semble déranger l'opinion publique dans un premier temps.
On nous montre des prisons surpeuplées, des gangs, de la violence extrême... vous avez dit film d'anticipation ?
Côté son, Kubrick veut également sortir des sentiers battus pour en faire quelque chose aux limites de l'expérimental. Se frottant au refus des plus grands compositeurs classiques qui refusent de dénaturer Beethoven, il finira par collaborer avec Wendy Carlos pour l'une des bandes originales les plus originales du cinéma justement. Synthétiseur modulaire, vocoder, flangers, tout ce qui peut sortir de l'ordinaire et marcher à contre courant plaît à Kubrick qui garde un oeil sur Carlos comme sur l'ensemble de son processus de création. L'homme était vu comme un tyran, son soucis du détail restant sa principale marque de fabrique.
Je me rend compte que je pourrais encore parler de ce film pendant un long moment mais je vais me restreindre pour un prochain papier sur Kubrick que je ferai après mon passage à la cinémathèque française pour l'expo qui lui est actuellement dédiée.
Le cinéma n'est pas que divertissant, il peut pousser à réfléchir et Stanley Kubrick était certainement le meilleur représentant de ce mouvement malgré sa constante provocation ...ok ok ok je m'arrête!
Infos et bande annonce
Extrait musical
4 commentaires:
Beau travail ! On sent la passion ! En tout cas, tu m'a bien donné envie de redécouvrir ce film, maintenant que j'ai toutes les cartes en main pour sa compréhension (j'étais trop jeune la première et seule fois que je l'ai vu) ;-)
Redécouvrir c'est bien le mot qu'il fallait utiliser. On prend souvent une claque en les voyant la première fois même si c'est pas toujours dans le bons sesns du terme.
Merci pour ton commentaire en tous cas :)
C'est trop bizarre car j'ai gravé la b.o que j'avais depuis longtemps sur mon pc la veille de la diffusion sur arte d'un super docu concernant orange mécanique, le contexte dans le lequel le film est sortit etc suivit du film derrière !!
et je dois avouer que cette b.o est extraordinaire !!
@ Mr
J'ai aussi vu ce documentaire sur Arte, très bien fait, même si j'ai trouvé que Malcolm Mc Dowell tirait un peu trop la couverture vers lui...
En tous cas cette BO est enorme et tres rare!
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